Johanne Labro et moi avons eu le grand honneur de présenter notre projet Théâtre et Numérique aux Universités d’été du Numérique dans l’Education « Ludovia » du 21 au 25 août.
Johanne Labro et moi avons eu le grand honneur de présenter notre projet Théâtre et Numérique aux Universités d’été du Numérique dans l’Education « Ludovia » du 21 au 25 août.
Dans le Cher existe le dispositif Léz’arts ô Collège. Il s’agit d’un dispositif accessible à tous les collèges du département et qui vise à encourager le développement des pratiques artistiques et culturelles chez les élèves.
Je n’en avais jamais fait jusque là, mais je me suis lancée après avoir lu Le Choeur Noir de Stanislas Cotton dans le cadre de la sélection pour le Prix des Lecteurs de Théâtre.
Le choix de la classe fut assez aléatoire. Quelques collègues étaient partants : ma collègue de Lettres, le collègue d’Histoire, la collègue d’Arts Plastiques et l’éternelle documentaliste qui accompagne tous mes projets depuis mon arrivée au collège, soutien indéfectible et néanmoins discret. (Qu’elle soit ici remerciée). La classe a donc été choisie en fonction de mes collègues car je n’avais pas de 3e cette année-là. Mon intervention prenait surtout la forme d’un pilotage, mais aussi (et surtout ! ) d’épuisantes heures de théâtre !
Au final, « Le Chœur Noir » a mis en oeuvre un travail collectif et pluridisciplinaire qui a abouti à une lecture théâtralisée de Coro Negro (Le Choeur noir) de Stanislas Cotton par des élèves de 3ème. Pour cela, nous avons fait appel à deux partenaires artistiques et culturels :
Cependant, pour monter le projet, je me suis appuyée sur Catherine Poncelet, qui faisait le lien avec le musée pour la DAAC, Julien Toureille, alors coordinateur départemental pour le devoir de mémoire. Il est important de rappeler que, devant l’ampleur de la tâche, nous ne sommes pas seuls. Ces deux interlocuteurs ont été forces de proposition et ont enrichi mon projet qui n’en était qu’à l’état d’ébauche quand j’ai sollicité leur aide.
Le projet s’est déroulé en deux temps :
Nous souhaitions toucher une classe de 3ème dans sa totalité, mais nous avions également choisi une classe sans option, réputée assez difficile. C’est en fait la diffusion du film Les Héritiers qui a fortement mobilisé les élèves dans le projet. Le miroir qu’offrait le film d’une classe très agitée remportant le Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) a été source de beaucoup de motivation.
Certes tous les élèves ont participé au travail de l’année sur la déportation. Pourtant, oubliant que la date principale se trouvait en plein milieu d’un week-end de pont, certains élèves ont « séché » la première représentation. La principale du collège a fait le choix, difficile mais nécessaire, de ne laisser participer que les élèves qui étaient venus sur ce samedi de pont. Un groupe stable d’élèves s’est ensuite investi jusqu’à la fin du projet, représentations comprises.
Ce choix peut paraître malheureux. En effet, on demande à des élèves de renoncer à jouer sur un projet qu’ils ont porté toute l’année. Mais nous étions également partis sur l’idée que le projet engage, dans tous les sens du terme : tous ceux qui n’avaient voulu être présents en ce week-end de pont n’auraient jamais compris le sens de l’engagement dans le travail collectif si on leur avait permis de raccrocher les wagons par la suite.
Nous sommes bien-sûr très fiers de ce groupe catastrophique attachant mais très agité qui, au fil du travail, s’est pris au jeu du théâtre, au jeu de la transmission du devoir de mémoire qui, à mon sens, est la vraie raison d’être de l’école. Quand une élève qui nous a souvent poussés dans nos retranchements finit par fondre en larme sous la pression du trac quelques minutes avant d’entrer en scène, là commence selon moi le théâtre et sa magie. Le masque tombe alors même qu’il se met.
Le travail sur la déportation a incité des enseignants à participer au Concours National de la Résistance et de la Déportation cette année, assistant 23 élèves engagés dans le CNRD 2016. Quatre enseignants se sont joints à nous pour encadrer le groupe d’élèves. A ce titre, j’estime notre objectif atteint, le devoir de mémoire entrant petit à petit dans la culture de l’établissement qui aura à cœur de perreniser les actions sur ce thème.
Pour que cela fonctionne, il a fallu…
– L’artiste Eric CENAT qui a su prendre en compte l’hétérogénéité du groupe et a su emporter leur adhésion dès les premières heures de travail ;
– Le musée de la résistance qui a réservé un formidable accueil aux élèves, notamment lors de la représentation, grand moment d’anxiété pour nous tous ;
– Beaucoup de communication dans l’équipe enseignante, et une réelle envie de travailler ensemble. Plusieurs enseignants non-participants ont assisté aux répétitions, ou aux représentations des élèves. Ils témoignent d’une meilleure ambiance de classe au fil de l’année, et nous les remercions pour leur bienveillance vis-à-vis du projet.
Cela aurait pu être mieux si…
– Le budget avait permis à Eric CENAT d’intervenir plus de 35 heures car l’énergie a pu parfois se disperser entre deux interventions ;
– nous avions eu une salle de théâtre pour répéter, avec un équipement minimum pour travailler ;
– Une heure de coordination avait été établie, ou peut-être un Padlet pour centraliser les informations, les recherches…
Pour conclure, si vous êtes en bonne santé physique, et que vous avez de l’énergie et de la bonne volonté à revendre, prenez la première classe sans option que vous trouvez, et lancez-vous ! Au bout du projet, cachés derrière des ados apathiques, on rencontre de jeunes citoyens tout à fait attachants.
Molière est au programme de toutes les classes de français du collège…et pour cause, quels beaux textes ! Cependant, si « Molière » est le mot qui sort spontanément de la bouche cariée de nos chères têtes blondes quand on leur parle de théâtre, il ne faudrait pas passer à côté du spectacle vivant (à opposer à « mort depuis presque 400 ans »), celui qui, aujourd’hui, fait déplacer des hordes de mini-pouces le mercredi après-midi, j’ai nommé : le théâtre jeunesse.
Voici donc quelques titres glanés ça et là au cours des sélections pour le Prix des Lecteurs de théâtre, conseillés par mes collègues ou amis, vus en Avignon ou ailleurs. Pour les lecteurs du Cher, la majorité de ces titres se trouvent à la Médiathèque de Bourges (très bien dotée en théâtre jeunesse), ou au Canopé du Cher (rue H. Mallet à Bourges).
Armance a 7ans. Son père écrivain et sa mère peintre ne lui accordent pas autant de temps qu’elle le souhaiterait. Alors Armance se cherche des amis…dans les photos. Elle fouille dans les tiroirs et se lie d’amitié avec les personnes photographiées. Quand Armance invite Guitou à sortir de la photo, tout bascule…
Mon avis : Très poétique, mais ancré dans la réalité, cette pièce a fait fureur chez mes élèves.
Recommandé pour : lecture en classe/ lecture à la maison
A la mort du roi, le royaume est au désespoir. En effet, le royal souverain ne laisse que deux filles. Par chance, un prince coasse dans les douves du château sous la forme d’une grenouille, mais aucune des princesses ne veut embrasser ces « rotondités baveuses et boutonneuses ». On appelle alors Marie des grenouilles, fille illégitime du roi, qui devra protéger le royaume contre un Prince Sanguinaire du Mexique, l’Ennemi et la bêtise des princesses.
Mon avis : une pièce très bien écrite sur le pouvoir et la paix, avec un détour par le nazisme. Mes 6ème ont d’abord été septiques puis se sont finalement emparé de la pièce pour en monter des extraits. Une très belle aventure, plus que jamais d’actualité.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Au royaume de Trop, le roi gros et la reine maigre ont six filles toutes plus laides les unes que les autres, accompagnées des jumeaux disparates : l’un grand, maigre et aigri, et l’autre petit gros glouton.
Mon avis : Trucculent ! Un peu difficile sans doute pour des 6èmes, mais parfait à partir de la 5ème.
Recommandé pour : lecture en classe
J’ai déjà longuement évoqué cette pièce sur ce site ici et là car elle a été sélectionnée pour le Prix des Lecteurs de théâtre 2014.
Les animaux ont fui la pollution. Après leur Grand Exode, ils ont laissé les hommes seuls devant leurs responsabilité. Yaël, enfant né après l’Exode, demande inlassablement à son frère aîné de lui raconter les animaux, jusqu’au jour où, lassé des plats végétariens, ils finissent par se rendre là où les entrecôtes sur pattes se trouvent.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Un extrait, pour le plaisir :
Gaëtan : J’en peux plus du brocolis vapeur et des cakes au betteraves !
Yaël : Exactement !
Gaëtan : Je veux du jambon de Bayonne et de la blanquette de veau !
Yaël : Des brochettes de tortue et du ragoût d’hirondelle ! […]
Gaëtan : Du lapin à la moutarde et de la brandade de morue !
Yaël : Ok pour le jambon d’hirondelle et la brandade de moutarde, mais sur la Grande Terre, là-bas, d’après ce que tu m’as dit, y’a pas que des mangeurs d’herbe.
Gaëtan : Et alors ?
Yaël : Ne va pas croire que j’ai les pétoches, c’est pas le genre de la maison, mais si je me fais dévorer, même un peu, ça va pas nous gâcher les vacances ?
Gaëtan : T’inquiète pas, ma petite crotte, les animaux, ils mangent plus les gens depuis longtemps. On leur a fait trop peur.
Yaël : La nature est bien faite.
Gaëtan : Le problème, c’est pour y aller.
Yaël : A la nage ?
Gaëtan : Beaucoup trop loin.
Yaël : Tant mieux. Piscine, c’est l’année prochaine. ça la fout mal d’être en avance sur le programme, ça fait chouchou.
Egalement sélectionné dans le cadre du Prix des Lecteurs de théâtre 2014 – mais non primé – Belle des Eaux est une réécriture de « la Belle et la Bête » de Mme Leprince de Beaumont. On y retrouve les thèmes habituels du théâtre de Bruno Castan qui exacerbe les problématiques du conte.
Mon avis : Une très belle réécriture, un peu difficile pour les petits mais plébiscité par mes élèves de 6ème si la lecture est faite à voix haute en classe et non seul à la maison.
Recommandé pour : lecture en classe
Médée et Jason sont des parents au bord du divorce : Jason a trompé Médée avec Créuse et veut quitter la maison. Petite Médée et Petit Jason, 9 et 5 ans, sont les enfants du couple. Ils revivent le drame à travers leurs peluches, sous le regardde leur nourrice. Si la pièce reprend la trame de la pièce antique, le propos est davantage de parler de la famille aujourd’hui, du désamour des parents qui reste un mystère pour les enfants.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison
L’Enfant Sauvage raconte une histoire vraie, celle de Victor. Au début du XIXe siècle, un docteur accueille dans sa maison un jeune sauvage trouvé dans une forêt de l’Aveyron. Il veut en faire l’éducation et démontrer que l’enfant n’est pas simplet mais a besoin du contact des autres pour s’épanouir.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison
Alyan est un petit garçon qui préfèrerait être une princesse ou une fée, avoir des cheveux longs, porter des vêtements roses. Sa mère s’inquiète, son père ne voit rien. A l’école commencent les moqueries et les insultes. Seule sa soeur Nina comprend ce qui est en train de se passer…
Mon avis : une très jolie pièce qui aborde en douceur la question du genre avec beaucoup de poésie. Sélectionné mais non primé pour le Prix des Lecteurs de théâtre 2014.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Depuis sa naissance, Nour vit avec Nouma, sa mère adoptive qui est sourde. Depuis des années, elles attendent le jour où les hommes viendront chercher Nour pour l’amener à sa vraie mère, dans un pays où les filles vont à l’école et peuvent exercer un métier. Ces deux femmes racontent leur histoire, l’une en langage des signes, l’autre à pleine voix.
Mon avis : Un magnifique texte à deux voix. Sélectionné pour le Prix des Lecteurs de Théâtre 2015.
Recommandé pour : lecture en classe
Pourquoi Arsène, le vieil oncle d’Hippolyte, a-t-il une fleur tatouée sur le bras ? Pourquoi Coquelicot, l’arrière-arrière-grand-mère de Mirabelle, a-t-elle eu un seul enfant ? C’est une grande et longue histoire. Mirabelle et Hippolyte ont une dizaine d’années et ils se demandent d’où ils viennent. Au fil des rencontres et des conversations, ces deux jeunes détectives amoureux débroussaillent leurs arbres généalogiques et font ressurgir des souvenirs enfouis. Ils reconstituent ensemble l’histoire de deux amants séparés par la guerre. A travers le regard tendre et innocent de deux enfants qui questionnent leurs origines, Sylvain Levey aborde les thèmes de l’amour, de la séparation, de la naissance, de la vieillesse et de la mort.
Mon avis : Un texte très drôle qui prend tout son sens après une dizaine de pages. Sélectionné pour le Prix des Lecteurs de théâtre 2015.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Des hommes, des femmes, des enfants, racontent leur voyage vers les camps de concentration, leur arrivée, le travail, la survie.
Mon avis : Un très beau texte, entre le théâtre et le témoignage (à partir de la 3ème). Excellent pour un travail de choeur en club théâtre.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Louise voit des ours partout. Sa soeur n’y croit pas, son père hésite…Louise est-elle folle ou y a t il vraiment des ours qui nous suivent comme des anges gardiens ? (à partir de la 6ème, et même plus tôt)
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison
La planète bleue en a assez des hommes qui la mutilent. Elle s’arrête de tourner. La Lune, le Soleil et Mars tentent de la raisonner, en vain. Alors des hommes se retrouvent dans le côté sombre, les autres au soleil. Va s’ensuivre une guerre entre les hommes, mais, quand il fait trop chaud au soleil, et trop froid à l’ombre, comment être sûr qu’on a choisi le bon camp ?
Mon avis : Une fable écologique sympathique jusqu’au niveau 6ème.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Cette année, j’ai inscrit mes 6ème à deux dispositifs proposés par la DSDEN du Cher:
– Le Printemps du théâtre ;
– Le Prix des Lecteurs de théâtre.
Il s’agit d’un prix qui récompense une pièce de théâtre jeunesse récemment publiée choisie parmi une sélection de trois titres. Les classes concernées vont du cycle 3 des écoles élémentaires à la 5ème en collège. Outre la découverte du théâtre contemporain, le prix favorise la liaison CM2-6ème.
Comme le Printemps du théâtre, il se déroule lui aussi en trois temps:
– une session de formation à destination des professeurs ;
– la lecture des pièces par les élèves ;
– le vote et remise du prix à l’auteur primé.
Les partenaires de ce prix sont pléthoriques:
– le Conseil Général du Cher ;
– la D.A.A.C ;
– la Ligue de l’Enseignement ;
– le Canopé du Cher ;
– la Médiathèque de Bourges ;
– l’OCCE du Cher ;
– la Direction de la lecture publique ;
– l’association Lire aux Eclats.
Les oeuvres retenues par le comité de pilotage – dont je fais partie – sont:
– Yaël Tautavel ou l’Enfance de l’Art, Stéphane Jaubertie ;
– Mon Frère, ma Princesse, Catherine Zambon ;
– Belle des Eaux, Bruno Castan.
J’ai inscrit à ce dispositif mes 6ème participant au Printemps du Théâtre mais également l’une mes classes de 5ème.
Ce prix nécessite un peu d’organisation et de bon sens : il faut savamment jongler entre les oeuvres achetées par le collège et celles prêtées par les différents partenaires.
Personnellement, ayant deux classes participantes, j’ai fait le choix suivant:
– trois exemplaires de chaque pièce ont été achetés par le collège dans le budget de l’accompagnement éducatif ;
– un exemplaire de chaque pièce a été prêté par la Médiathèque de Bourges / un autre par le Canopé du Cher;
– deux exemplaires de Yaël Tautavel ont été achetés sur mes deniers.
La lecture de Yaël Tautavel et de Belle des Eaux a été faite en classe pour les 6ème. Mon Frère, ma Princesse, quant à lui, a été lu à la maison. Il s’agissait de la première confrontation des élèves avec le théâtre contemporain.
Le règlement du Prix des Lecteurs exige des élèves une justification de leur vote. Mes élèves ont décidé de réaliser une vidéo sous forme de faux micro-trottoir pour rendre compte de leur avis sur Yaël Tautavel, l’oeuvre conjointement sélectionnée par les deux classes.
Les élèves se rendront le 15 mai prochain au Conseil Général du Cher pour remettre un prix à Stéphane Jaubertie. En plus de la vidéo des 5ème, les 6ème présenteront une carte heuristique justifiant de leur choix (publication sur le site à venir). Une visite au Palais Jacques Coeur de Bourges aura lieu avant la remise du prix pour mettre à profit le déplacement à Bourges gracieusement offert par le Conseil Général.
A l’issue de cette journée, les élèves créeront un livre-souvenir numérique au format ePub (publication sur le site en juin).
Si la vidéo de justification ne s’affiche pas, cliquer ici.
Les 4e ont également eu l’occasion de lire Yaël Tautavel ou l’Enfance de l’Art qu’ils ont eu l’occasion d’adapter en BD grâce au site stripgenerator. Les élèves ont travaillé en binômes : l’équipe ayant réalisé la meilleure planche a été récompensée par un lot de clés USB.
Les autres planches sur visibles sur le site stripgenerator, mot-clé pour la recherche : Jaubertie.