Johanne Labro et moi avons eu le grand honneur de présenter notre projet Théâtre et Numérique aux Universités d’été du Numérique dans l’Education « Ludovia » du 21 au 25 août.
Aperçu des projets menés en théâtre dans divers établissements.
Johanne Labro et moi avons eu le grand honneur de présenter notre projet Théâtre et Numérique aux Universités d’été du Numérique dans l’Education « Ludovia » du 21 au 25 août.
J’ai l’immense chance d’avoir cette année un atelier artistique ouvert dans mon collège.
Vous trouverez ci-dessous les dessous du dossier déposé à la DAAC Orléans-Tours en mars 2015 pour une ouverture en septembre 2015.
Depuis de nombreuses années, le collège Fernand Léger de Vierzon s’est efforcé d’insuffler le goût des arts aux élèves qu’il accueille.
A la suite des projets « Léz’arts au Collège » en danse et théâtre, des participations à des opérations et dispositifs départementaux et nationaux («Prix des Lecteurs de théâtre », « Prix Marguerite Audoux », « Printemps du théâtre », « Collège au cinéma »), des clubs à visée culturelle et artistique, il souhaite maintenant proposer un projet pluridisciplinaire dans le cadre d’un atelier de pratique artistique.
S’inscrivant pleinement dans le parcours d’éducation artistique et culturelle de l’élève, ainsi que dans le projet d’établissement, il vise à la fois à développer une culture personnelle, encourager une pratique artistique et rendre possible la rencontre directe avec les artistes et les œuvres.
Nous avons choisi d’établir le partenariat principal avec Caroline de Vial, comédienne du Cher, et Christian Bourigault, chorégraphe de la Compagnie de l’Alambic à Paris.
Lors de la préparation de cet atelier artistique, il nous est apparu essentiel d’établir une connexion entre le monde, le théâtre et les matières disciplinaires. C’est pourquoi nous avons choisi le thème de l’enfance et de la découverte de l’altérité « Grandir ici, grandir ailleurs ».
Le thème retenu pour l’année scolaire à venir s’inscrit pleinement dans l’enseignement moral et civique : il s’agit du passage de l’enfance à l’âge adulte, avec ce qu’il implique de douloureux, en France comme dans les pays touchés par la guerre.Pour l’équipe enseignante et artistique, il s’agit de tisser un lien avec l’adolescent dans le temps privilégié de l’atelier artistique.
Ainsi, les élèves travailleront tout au long de l’année autour de la thématique de l’enfance mise à mal avec :
– Cendrillon, Joël POMMERAT (thème : grandir dans le deuil).
Ces pièces de théâtre contemporain traitent majoritairement de la nécessité pour l’enfant de grandir lorsqu’il y est poussé par des circonstances extérieures tragiques.
Nous souhaiterions, dans le prolongement de l’éducation morale et civique, développer la culture de la sensibilité chez les élèves en leur permettant de s’émouvoir, s’enthousiasmer et s’indigner. Les oeuvres travaillées en atelier tâcheront de mettre en branle ce travail civique : prendre confiance en soi, être capable d’empathie, rendre compte de ses émotions par divers moyens d’expression corporelle, se sentir membre d’une communauté, respecter un engagement moral, faire preuve de solidarité.
De par le thème retenu, nous espérons pouvoir construire leurs compétences sociales. Aller au bout d’une expérience dans une exigence collective, telle est notre ambition, en conformité avec le Socle Commun de connaissance, de compétence et de culturequi encourage à « s’implique[r] dans des rencontres ou des projets collectifs, […] prend[re] sa place et [tenir] son rôle dans un groupe. »
Cette dimension du thème retenu permettra également d’aiguiser leur jugement moral et leur réflexion critique. Un travail en classe de français pourra parallèlement être mené dans le cadre de l’argumentation en classe de quatrième et de l’expression des sentiments en classe de cinquième.
La pièce Traversée d’Estelle Savasta évoque une enfance exilée. Etant simultanée jouée en langue parlée et en langue des signes, un travail sur le langage du corps sera mené. Il s’agira pour les élèves de comprendre la place du corps au théâtre, ses enjeux. Grandir, c’est avoir un corps en transition : cette problématique nous semble tout à fait indiquée pour les élèves en plein adolescence. L’enseignante de CLIS en Langue des Signes Française Aurore Nicand viendra initier les élèves à cette langue.
Cette intervention sera exploitée par le chorégraphe Christian Bourigault (Compagnie de l’Alambic) qui commencera un travail sur le corps et son langage. Ce travail s’inscrira d’ailleurs pleinement dans le Socle commun en amenant l’élève à « mettre en jeu son corps avec aisance pour s’exprimer et communiquer ; [pratiquer] des activités artistiques impliquant le corps en le maîtrisant et en se contrôlant. »
Quoique le collège Fernand Léger soit situé en ville, son recrutement est majoritairement rural. Ainsi, les élèves sont très peu amenés à fréquenter les lieux culturels. C’est pourquoi il nous est apparu essentiel d’enrichir les temps de pratique en proposant une école du spectateur.
Notre atelier s’attachera à faire découvrir aux élèves non seulement des pièces du répertoire jeunesse actuel, mais également les lieux et métiers du théâtre. En effet, le socle commun encourage les élèves à « fréquenter des lieux de diffusion et de création ; il s’approprie des œuvres littéraires et artistiques appartenant au patrimoine national et mondial et à la création contemporaine ».
Tout d’abord, les élèves assisteront à une représentation prise en charge par l’établissement (selon programmation de la Maison de la Culture de Bourges). Par la suite, plusieurs sorties, prises en charge par les familles, seront proposés aux élèves de manière facultative (selon programmation du Mac Nab). Ainsi, grâce à la pratique de spectateur, les élèves seront amenés à affiner leur connaissance des différents types de dramaturgies. Il s’agira d’en faire des spectateurs exigeants, conscients et surtout actifs, réceptifs, capables d’interroger une émotion esthétique et de prendre la distance nécessaire à l’exercice d’un jugement critique.
De plus, à raison d’une heure par semaine – ou par quinzaine selon l’intervention des partenaires – nous proposerons d’aborder les points suivants conjointement avec la professeur-documentaliste et les enseignants de disciplines artistiques et scientifiques :
Temps d’histoire des arts du spectacle donnant lieu à une exposition in situ et/ou virtuelle en fin d’année :
Malgré l’apport théorique, qui tend davantage vers le décloisonnement des disciplines que vers l’accumulation d’un savoir encyclopédique, le coeur du projet restera la pratique d’atelier et les échanges avec les artistes. L’ensemble occupera une place privilégié dans l’enseignement de l’HiDA et sera inscrit au parcours d’éducation artistique et culturel de chaque élève.
Réinvestissement des connaissances sous forme d’une exposition in situ ou virtuelle de fin d’année (la qualité de l’exposition témoignera de leur engagement. Elle sera présente sur le site internet de l’établissement).
Evaluation en terme d’engagement et d’aisance à l’oral d’HiDA l’année qui suivra pour les élèves de 4e ou l’année même (si un oral blanc est prévu dans ce niveau).
Rapport d’activité en fin d’année.
Nombre d’élèves prévus pour l’atelier :
5ème : 8 élèves
4ème : 10 à 12 élèves
Niveaux des classes concernées :
5e et 4e pour le travail artistique
Représentation de fin d’année au Mac Nab pour tout le niveau 4e et/ou 5e.
Disciplines engagées dans l’action
Mme BOUCHER : responsable de l’atelier/ enseignante de Lettres Modernes/ Certifiée en théâtre dans l’académie d’Orléans-Tours.
Mme LABRO : chargée d’une partie d’histoire des arts du spectacle/ enseignante-documentaliste
Mme KOTZ : enseignante d’éducation musicale
Mme BOUSSION : enseignante d’arts plastiques
Née en 1981 à Orléans, Caroline de Vial est diplômée du conservatoire d’art dramatique d’Orléans depuis 2003 où elle fut formée notamment auprès de Jean Claude Cotillard, Christian Massas, Raphael Bianchoto, Christophe Maltot et Olivier Py .
En 2004, elle assiste Jean Claude Cotillard à la mise en scène du spectacle « les désillusionistes » de la CieAmedée Bricolo.Elle crée en 2005 la cie Théâtre du Palpitant implantée dans le sud du Cher où les spectacles « MOI HOMME »(solo burlesque d’après un texte de Christian Massas), « Crampe affective »(duo de rue) et « Cristal Banquise »(spectacle pour les tous petits) verront le jour.
Depuis 2006 elle est lectrice dans le cadre des Milles lectures d’hiver en RégionCentre, elle a défendu « Organes » De Marie Hélène Lafont,« Régime sec » en 2007 et « Le Matador » en 2008 d’Olivier Bordacarre, «La fin des temps» d’Haruki Murakami en 2009 et « L’Ondine » de Marc Blanchet en 2010, « Le Petit Prince cannibale » de Françoise Lefèvre en 2011, « La Présence » de Pierre Jourde en 2012 , « Le Cabaret des oiseaux » de André Bucher en 2013 et cette saison « feu pour feu » de Carole Zalberg.
C’est en 2007 que commence son travail de collaboration avec le théâtre de la Carrosserie Mesnierà St Amand-Montrond (Cher) auprès d’adolescents et d’adultes sur des chantiers de création théâtrale, ou pour des dispositifs Lez’arts au collège, Aux arts Lycéens. Notamment sur des textes de Samuel Beckett, Alexandra Badéa, Racine, Gherasim Luca, Franca Rame, Louise Bombardier, Koffi Kwahulé, Jean Pierre Siméon, Thomas Bernhard. Cette collaboration ne cesse de croître et en 2014 débute un travail d’accompagnement et mise en scène auprès d’un groupe d’adultes en situation de handicap qui donnera lieu cette saison à un spectacle intitulé « Des vertes et des pas murs » pour les futurs de l’écrit 2015. Ce travail est en étroite collaboration avec Christian Bourigault (Chorégraphe) et Sab J (Photographe)
En 2010 le théâtre du Palpitant crée en coproduction avec le Théâtre de l’Olivier, la tragédie contemporaine ANNA. Depuis cette même année Caroline de Vial travaille avec la Cie Pace comme comédienne (Bourges, Cher) sur les spectacles « Bien ici », texte de Marc Blanchet puis sur la création « Le Journal d’Adam et Eve » de Marc Twain en 2012 et « Cirque Mémoire » en 2014. Elle travaille aussi comme comédienne avec la Cie de Jean Michel Potiron, « Théâtre à tout prix » sur la création de Place des Héros de Thomas Bernhard et dans « Le manège » pour le cie Les yeux d’encre.
En 2013 elle participe aux Futurs de l’écrit de l’Abbaye de Noirlac comme metteur en scène dans le projet « Portraits de femmes » et au « Fracas des mots » avec le FRACAS CDN de Montluçon comme comédienne.
En 2014 elle intervient régulièrement dans une classe de seconde Option théâtre pour le FRACAS. Elle joue dans IN SITU mis en scène par Mathieu Bertholet pour le Fracas.
En 2015 elle monte et joue Médée Kali Matériaux d’après un texte de Laurent Gaudé en collaboration avec Christian Bourigault, cie Alambic et Sab J photographe.
Avec une licence de Psychologie Clinique et un D.E. de rééducateur de la psychomotricité, Christian Bourigault a d’abord travaillé dans le milieu paramédical et psychiatrique. Il découvre par le corps symptôme d’un mal être, le corps langage qui l’amène à la danse. De 1981 à 1990 Christian Bourigault a fait partie des interprètes de ce qu’on a appelé « la nouvelle danse française des années 80 » : Dominique Bagouet l’engage au CCN de Montpellier comme interprète et comme assistant pour une création avec l’Opéra de Paris. Il porte aussi les écritures de J.Baïz, G.Appaix, O.Duboc, M.Kelemenis et S.Aubin.
Christian Bourigault crée la Compagnie de l’Alambic en 1990 avec un solo : L’Autoportrait de 1917. Son œuvre, entre abstraction et théâtralité, s’intéresse aux questions identitaires, individuelles et collectives. Au total, ce sont une vingtaine de pièces chorégraphiques qui ont vu le jour et tourné en France et à l’étranger, parmi lesquelles : L’Apocalypse joyeuse (Prix Léonard de Vinci du Ministère des Affaires étrangères ainsi que le prix SACD des jeunes auteurs et le prix SPEDIDAM aux IIIèmes Rencontres chorégraphiques internationales de Seine- Saint-Denis), Matériau-Désir, Le Chercheur dort, Je, tu, nous : les jardins secrets (Lauréat d’une Bourse Villa Medicis Hors les Murs – Japon), F. et Stein Réinterprétation, Masculin Pluriel, Qui danse ?, Le théâtre des opérations et Sur un air deux…
Christian Bourigault a repris un travail d’interprète pour d’autres chorégraphes : Anna Fayard en 2013 (Je voudrais que tu ne meures pas) et avec Yvann Alexandre en 2015 (Les solis noirs).
La compagnie mène un travail d’accès à la danse contemporaine en direction de différentes populations: danseurs et comédiens amateurs, collégiens et lycéens, étudiants, enseignants, élèves des écoles de danse, personnes en situation de handicap, personnes agées…
Christian Bourigault invente de nouveaux modes de transmission par le biais de « résidences nomades » qui mettent en relation une équipe artistique avec un territoire, ses habitants, ses « travailleurs » et ses usagers, populations qui sont souvent éloignées de l’art contemporain et que le chorégraphe se plait à aller chercher… Dans ce cadre, le chorégraphe crée des dispositifs performatifs : Les Commandos poétiques du mouvement et Les créations in situ, performances engagées dans l’espace public et plus particulièrement dans les jardins (Journées européennes du patrimoine…).
Christian Bourigault a fait partie du collectif de chorégraphes engagés « Les signataires du 20 Août ». Il a été membre fondateur du Collectif d’artistes le 6b à Saint Denis.
2nde option théâtre, Lycée L. Senghor, Evreux, 27.
Obtention du Certificat d’Etudes Théâtrales,
Conservatoire Régional d’art dramatique, Rouen, 76.
Formation DAAC « atelier académique de théâtre ».
Formation DAAC « Langues et théâtralité », avec Eric Cénat, Orléans. Obtention de la certification complémentaire en théâtre
Dans le Cher existe le dispositif Léz’arts ô Collège. Il s’agit d’un dispositif accessible à tous les collèges du département et qui vise à encourager le développement des pratiques artistiques et culturelles chez les élèves.
Je n’en avais jamais fait jusque là, mais je me suis lancée après avoir lu Le Choeur Noir de Stanislas Cotton dans le cadre de la sélection pour le Prix des Lecteurs de Théâtre.
Le choix de la classe fut assez aléatoire. Quelques collègues étaient partants : ma collègue de Lettres, le collègue d’Histoire, la collègue d’Arts Plastiques et l’éternelle documentaliste qui accompagne tous mes projets depuis mon arrivée au collège, soutien indéfectible et néanmoins discret. (Qu’elle soit ici remerciée). La classe a donc été choisie en fonction de mes collègues car je n’avais pas de 3e cette année-là. Mon intervention prenait surtout la forme d’un pilotage, mais aussi (et surtout ! ) d’épuisantes heures de théâtre !
Au final, « Le Chœur Noir » a mis en oeuvre un travail collectif et pluridisciplinaire qui a abouti à une lecture théâtralisée de Coro Negro (Le Choeur noir) de Stanislas Cotton par des élèves de 3ème. Pour cela, nous avons fait appel à deux partenaires artistiques et culturels :
Cependant, pour monter le projet, je me suis appuyée sur Catherine Poncelet, qui faisait le lien avec le musée pour la DAAC, Julien Toureille, alors coordinateur départemental pour le devoir de mémoire. Il est important de rappeler que, devant l’ampleur de la tâche, nous ne sommes pas seuls. Ces deux interlocuteurs ont été forces de proposition et ont enrichi mon projet qui n’en était qu’à l’état d’ébauche quand j’ai sollicité leur aide.
Le projet s’est déroulé en deux temps :
Nous souhaitions toucher une classe de 3ème dans sa totalité, mais nous avions également choisi une classe sans option, réputée assez difficile. C’est en fait la diffusion du film Les Héritiers qui a fortement mobilisé les élèves dans le projet. Le miroir qu’offrait le film d’une classe très agitée remportant le Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD) a été source de beaucoup de motivation.
Certes tous les élèves ont participé au travail de l’année sur la déportation. Pourtant, oubliant que la date principale se trouvait en plein milieu d’un week-end de pont, certains élèves ont « séché » la première représentation. La principale du collège a fait le choix, difficile mais nécessaire, de ne laisser participer que les élèves qui étaient venus sur ce samedi de pont. Un groupe stable d’élèves s’est ensuite investi jusqu’à la fin du projet, représentations comprises.
Ce choix peut paraître malheureux. En effet, on demande à des élèves de renoncer à jouer sur un projet qu’ils ont porté toute l’année. Mais nous étions également partis sur l’idée que le projet engage, dans tous les sens du terme : tous ceux qui n’avaient voulu être présents en ce week-end de pont n’auraient jamais compris le sens de l’engagement dans le travail collectif si on leur avait permis de raccrocher les wagons par la suite.
Nous sommes bien-sûr très fiers de ce groupe catastrophique attachant mais très agité qui, au fil du travail, s’est pris au jeu du théâtre, au jeu de la transmission du devoir de mémoire qui, à mon sens, est la vraie raison d’être de l’école. Quand une élève qui nous a souvent poussés dans nos retranchements finit par fondre en larme sous la pression du trac quelques minutes avant d’entrer en scène, là commence selon moi le théâtre et sa magie. Le masque tombe alors même qu’il se met.
Le travail sur la déportation a incité des enseignants à participer au Concours National de la Résistance et de la Déportation cette année, assistant 23 élèves engagés dans le CNRD 2016. Quatre enseignants se sont joints à nous pour encadrer le groupe d’élèves. A ce titre, j’estime notre objectif atteint, le devoir de mémoire entrant petit à petit dans la culture de l’établissement qui aura à cœur de perreniser les actions sur ce thème.
Pour que cela fonctionne, il a fallu…
– L’artiste Eric CENAT qui a su prendre en compte l’hétérogénéité du groupe et a su emporter leur adhésion dès les premières heures de travail ;
– Le musée de la résistance qui a réservé un formidable accueil aux élèves, notamment lors de la représentation, grand moment d’anxiété pour nous tous ;
– Beaucoup de communication dans l’équipe enseignante, et une réelle envie de travailler ensemble. Plusieurs enseignants non-participants ont assisté aux répétitions, ou aux représentations des élèves. Ils témoignent d’une meilleure ambiance de classe au fil de l’année, et nous les remercions pour leur bienveillance vis-à-vis du projet.
Cela aurait pu être mieux si…
– Le budget avait permis à Eric CENAT d’intervenir plus de 35 heures car l’énergie a pu parfois se disperser entre deux interventions ;
– nous avions eu une salle de théâtre pour répéter, avec un équipement minimum pour travailler ;
– Une heure de coordination avait été établie, ou peut-être un Padlet pour centraliser les informations, les recherches…
Pour conclure, si vous êtes en bonne santé physique, et que vous avez de l’énergie et de la bonne volonté à revendre, prenez la première classe sans option que vous trouvez, et lancez-vous ! Au bout du projet, cachés derrière des ados apathiques, on rencontre de jeunes citoyens tout à fait attachants.
Molière est au programme de toutes les classes de français du collège…et pour cause, quels beaux textes ! Cependant, si « Molière » est le mot qui sort spontanément de la bouche cariée de nos chères têtes blondes quand on leur parle de théâtre, il ne faudrait pas passer à côté du spectacle vivant (à opposer à « mort depuis presque 400 ans »), celui qui, aujourd’hui, fait déplacer des hordes de mini-pouces le mercredi après-midi, j’ai nommé : le théâtre jeunesse.
Voici donc quelques titres glanés ça et là au cours des sélections pour le Prix des Lecteurs de théâtre, conseillés par mes collègues ou amis, vus en Avignon ou ailleurs. Pour les lecteurs du Cher, la majorité de ces titres se trouvent à la Médiathèque de Bourges (très bien dotée en théâtre jeunesse), ou au Canopé du Cher (rue H. Mallet à Bourges).
Armance a 7ans. Son père écrivain et sa mère peintre ne lui accordent pas autant de temps qu’elle le souhaiterait. Alors Armance se cherche des amis…dans les photos. Elle fouille dans les tiroirs et se lie d’amitié avec les personnes photographiées. Quand Armance invite Guitou à sortir de la photo, tout bascule…
Mon avis : Très poétique, mais ancré dans la réalité, cette pièce a fait fureur chez mes élèves.
Recommandé pour : lecture en classe/ lecture à la maison
A la mort du roi, le royaume est au désespoir. En effet, le royal souverain ne laisse que deux filles. Par chance, un prince coasse dans les douves du château sous la forme d’une grenouille, mais aucune des princesses ne veut embrasser ces « rotondités baveuses et boutonneuses ». On appelle alors Marie des grenouilles, fille illégitime du roi, qui devra protéger le royaume contre un Prince Sanguinaire du Mexique, l’Ennemi et la bêtise des princesses.
Mon avis : une pièce très bien écrite sur le pouvoir et la paix, avec un détour par le nazisme. Mes 6ème ont d’abord été septiques puis se sont finalement emparé de la pièce pour en monter des extraits. Une très belle aventure, plus que jamais d’actualité.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Au royaume de Trop, le roi gros et la reine maigre ont six filles toutes plus laides les unes que les autres, accompagnées des jumeaux disparates : l’un grand, maigre et aigri, et l’autre petit gros glouton.
Mon avis : Trucculent ! Un peu difficile sans doute pour des 6èmes, mais parfait à partir de la 5ème.
Recommandé pour : lecture en classe
J’ai déjà longuement évoqué cette pièce sur ce site ici et là car elle a été sélectionnée pour le Prix des Lecteurs de théâtre 2014.
Les animaux ont fui la pollution. Après leur Grand Exode, ils ont laissé les hommes seuls devant leurs responsabilité. Yaël, enfant né après l’Exode, demande inlassablement à son frère aîné de lui raconter les animaux, jusqu’au jour où, lassé des plats végétariens, ils finissent par se rendre là où les entrecôtes sur pattes se trouvent.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Un extrait, pour le plaisir :
Gaëtan : J’en peux plus du brocolis vapeur et des cakes au betteraves !
Yaël : Exactement !
Gaëtan : Je veux du jambon de Bayonne et de la blanquette de veau !
Yaël : Des brochettes de tortue et du ragoût d’hirondelle ! […]
Gaëtan : Du lapin à la moutarde et de la brandade de morue !
Yaël : Ok pour le jambon d’hirondelle et la brandade de moutarde, mais sur la Grande Terre, là-bas, d’après ce que tu m’as dit, y’a pas que des mangeurs d’herbe.
Gaëtan : Et alors ?
Yaël : Ne va pas croire que j’ai les pétoches, c’est pas le genre de la maison, mais si je me fais dévorer, même un peu, ça va pas nous gâcher les vacances ?
Gaëtan : T’inquiète pas, ma petite crotte, les animaux, ils mangent plus les gens depuis longtemps. On leur a fait trop peur.
Yaël : La nature est bien faite.
Gaëtan : Le problème, c’est pour y aller.
Yaël : A la nage ?
Gaëtan : Beaucoup trop loin.
Yaël : Tant mieux. Piscine, c’est l’année prochaine. ça la fout mal d’être en avance sur le programme, ça fait chouchou.
Egalement sélectionné dans le cadre du Prix des Lecteurs de théâtre 2014 – mais non primé – Belle des Eaux est une réécriture de « la Belle et la Bête » de Mme Leprince de Beaumont. On y retrouve les thèmes habituels du théâtre de Bruno Castan qui exacerbe les problématiques du conte.
Mon avis : Une très belle réécriture, un peu difficile pour les petits mais plébiscité par mes élèves de 6ème si la lecture est faite à voix haute en classe et non seul à la maison.
Recommandé pour : lecture en classe
Médée et Jason sont des parents au bord du divorce : Jason a trompé Médée avec Créuse et veut quitter la maison. Petite Médée et Petit Jason, 9 et 5 ans, sont les enfants du couple. Ils revivent le drame à travers leurs peluches, sous le regardde leur nourrice. Si la pièce reprend la trame de la pièce antique, le propos est davantage de parler de la famille aujourd’hui, du désamour des parents qui reste un mystère pour les enfants.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison
L’Enfant Sauvage raconte une histoire vraie, celle de Victor. Au début du XIXe siècle, un docteur accueille dans sa maison un jeune sauvage trouvé dans une forêt de l’Aveyron. Il veut en faire l’éducation et démontrer que l’enfant n’est pas simplet mais a besoin du contact des autres pour s’épanouir.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison
Alyan est un petit garçon qui préfèrerait être une princesse ou une fée, avoir des cheveux longs, porter des vêtements roses. Sa mère s’inquiète, son père ne voit rien. A l’école commencent les moqueries et les insultes. Seule sa soeur Nina comprend ce qui est en train de se passer…
Mon avis : une très jolie pièce qui aborde en douceur la question du genre avec beaucoup de poésie. Sélectionné mais non primé pour le Prix des Lecteurs de théâtre 2014.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Depuis sa naissance, Nour vit avec Nouma, sa mère adoptive qui est sourde. Depuis des années, elles attendent le jour où les hommes viendront chercher Nour pour l’amener à sa vraie mère, dans un pays où les filles vont à l’école et peuvent exercer un métier. Ces deux femmes racontent leur histoire, l’une en langage des signes, l’autre à pleine voix.
Mon avis : Un magnifique texte à deux voix. Sélectionné pour le Prix des Lecteurs de Théâtre 2015.
Recommandé pour : lecture en classe
Pourquoi Arsène, le vieil oncle d’Hippolyte, a-t-il une fleur tatouée sur le bras ? Pourquoi Coquelicot, l’arrière-arrière-grand-mère de Mirabelle, a-t-elle eu un seul enfant ? C’est une grande et longue histoire. Mirabelle et Hippolyte ont une dizaine d’années et ils se demandent d’où ils viennent. Au fil des rencontres et des conversations, ces deux jeunes détectives amoureux débroussaillent leurs arbres généalogiques et font ressurgir des souvenirs enfouis. Ils reconstituent ensemble l’histoire de deux amants séparés par la guerre. A travers le regard tendre et innocent de deux enfants qui questionnent leurs origines, Sylvain Levey aborde les thèmes de l’amour, de la séparation, de la naissance, de la vieillesse et de la mort.
Mon avis : Un texte très drôle qui prend tout son sens après une dizaine de pages. Sélectionné pour le Prix des Lecteurs de théâtre 2015.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Des hommes, des femmes, des enfants, racontent leur voyage vers les camps de concentration, leur arrivée, le travail, la survie.
Mon avis : Un très beau texte, entre le théâtre et le témoignage (à partir de la 3ème). Excellent pour un travail de choeur en club théâtre.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Louise voit des ours partout. Sa soeur n’y croit pas, son père hésite…Louise est-elle folle ou y a t il vraiment des ours qui nous suivent comme des anges gardiens ? (à partir de la 6ème, et même plus tôt)
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison
La planète bleue en a assez des hommes qui la mutilent. Elle s’arrête de tourner. La Lune, le Soleil et Mars tentent de la raisonner, en vain. Alors des hommes se retrouvent dans le côté sombre, les autres au soleil. Va s’ensuivre une guerre entre les hommes, mais, quand il fait trop chaud au soleil, et trop froid à l’ombre, comment être sûr qu’on a choisi le bon camp ?
Mon avis : Une fable écologique sympathique jusqu’au niveau 6ème.
Recommandé pour : lecture en classe / lecture à la maison / mise en espace
Monter un projet théâtre a souvent l’air de relever du parcours du combattant. Or, il existe de nombreux dispositifs et opérations dans lesquels inscrire nos élèves et qui sont l’occasion de riches expériences de théâtre (Printemps du théâtre, Prix des lecteurs de théâtre, Lycéens et théâtre contemporain).
Pour ceux qui hésitent entre un projet Léz’arts au collège, un atelier artistique ou un club théâtre, consultez le livret « je monte un projet théâtre » édité en 2006 par le Canopé de Nantes : jemonteunprojettheatre – copie
Pour assurer une cohérence dans le parcours artistique et culturel des élèves année après année: téléchargez le guide pour la mise en oeuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle : 2013_EAC_guide_bdef (ou cliquez sur la miniature pour y accéder depuis Eduscol).
Pour plus de renseignements, consultez la page de la Coordination départementale Théâtre et Arts de la scène , DSDEN du Cher.
Professeur chargé de mission dans le domaine du théâtre et des arts de la scène
Professeur de Lettres en charge des classes Théâtre au lycée Alain Fournier de Bourges
Lycée Alain Fournier – 50, rue Stéphane Mallarmé – 180016 BOURGES Cedex
patrice.charrier@ac-orleans-tours·fr
Julien TOUREILLE
Coordonnateur départemental pour l’éducation artistique et culturelle
Professeur d’Histoire-Géorgraphie au Lycée Henri Brisson de Vierzon
Direction des services départementaux de l’éducation nationale du Cher
Cité Condé, bâtiment F
rue du 95ème de ligne
BP 608 – 18016 BOURGES cedex.
02 36 08 20 23
julien.toureille@ac-orleans-tours·fr
Les conjugaisons, Patrick de Bouter/ Les Pauvres, Les Elles (chanson française)/ Sainte Jeanne des Abattoirs, Bertolt Brecht/ Léonie est en avance, Feydeau/ La religion des imbéciles, Henri Monnier/ Louison, Alfred de Musset.
Atelier académique de théâtre (académie de Rouen)
Intervenante: Catherine Delattres, metteur en scène.
Depuis ma découverte du théâtre en 3ème grâce à la talentueuse Isabelle Vallée, j’ai participé à de nombreux ateliers ou projets:
La metteur en scène Berruyère Aurore Pace a mis en scène de portrait que j’ai interprété: celui de l’artiste Sophie Achilli. Apprécié, le spectacle a été reprogrammé au théâtre de La Châtre le 5/11/2013.
Participation aux Futurs de l’Ecrit de l’Abbaye de Noirlac dans le projet de Georges Buisson Portraits de femmes en pays de Georges Sand. Dix femmes de l’association Femmes Solidaires se sont livrées à la caméra, 5 metteurs en scènes et 10 comédiennes interprètent sur scène ces conversations. Pour laisser libre cours à l’imagination, ni les comédiennes ni les metteurs en scène n’ont vu les interviews initiales.
Participation au Chantier Adulte de la Carrosserie Mesnier à Saint-Amand Montrond, 18. Intervenante: Caroline de Vial, comédienne et metteur en scène.
Arrache, mis en scène par Caroline de Vial de textes de divers auteurs (Antonin Artaud, Victor Hugo, Valère Novarina, Deburau…) . Juin 2013, Carrosserie Mesnier.
Lecture de Burn-Out d’Alexandra Badéa. Janvier 2013, Carrosserie Mesnier.
Extraits de Burn Out:
« Il ne faut pas avoir honte de vouloir une vie plus facile pour sa famille. Je ne peux pas me tromper […] Oui une fois je me suis trompée, mais ça c’est autre chose. J’étais psy. Il m’a dit: « Je veux m’évader de mon corps ». J’ai dit: « Mais suicidez vous. Comme ça, ça va aller mieux ». Deux jours plus tard, il s’est pendu. Deux jours plus tard, je suis partie. Deux ans plus tard j’ai fait cette formation. Et je suis devenue « Evaluateur Ressources humaines ». Oui une fois je me suis trompée, mais ça c’est autre chose. C’était pas de ma faute. Mon psy m’avait dit la même chose, et ça a marché. Je ne me suis pas pendue moi »
Mise en scène de Clair-Obscur par Caroline de Vial à la Carrosserie Mesnier (St Amand-Md) en juin 2012 et au Hublot (Bourges) en octobre 2012 dans le cadre du festival amateur Les Automnales.
Textes sur le thème du fascisme: Israël Horovitz (Clair-Obscur), Harold Pinter (Un Dernier pour la Route) et Thomas Bernhard (Diverses pièces de Dramucules).
http://www.carrosseriemesnier.com
Voici le prezi de présentation du projet. Si vous ne parvenez pas à la visualiser, vous pouvez vous rendre directement ici.
Mené en classe de 4ème avec Mireille Marcelot, enseignante d’espagnol et Emmanuel Ygouf, enseignant en arts plastiques au collège Claude Debussy de La Guerche sur l’Aubois (18), le projet se donnait pour objectif d’aborder Le Cid sous trois aspects: scénique, littéraire et civilisationnel.
Ainsi les élèves ont pu:
– étudier l’oeuvre en classe accompagnée d’une captation de la mise en scène de Thomas Le Douarec ;
– adapter l’oeuvre en BD en équipe et en compétition avec le CLG François le Champi du Châtelet (BD conçues avec le site stripgenerator) ;
– bénéficier d’une vingtaine d’heures de pratique théâtrale autour du thème du conflit au théâtre ;
– rencontrer le metteur en scène Eric Cénat qui est intervenu sur une journée de préparation au spectacle des élèves ;
– bénéficier d’une visite-conférence au Centre National du Costume de scène de Moulins sur le thème « Costumes du pouvoir » ;
– se familiariser avec la famille royale espagnole grâce à l’étude des Ménines de Velasquez en arts plastiques ;
– visiter la Maison de la Culture de Nevers et de la Nièvre pour y découvrir à la fois les lieux et les métiers du spectacle vivant ;
– mettre en scène un extrait de la pièce (Acte I scène 3, scène dite « du soufflet »).